Weisweil
Le nucléaire en question au congrès transfrontalier
30 ans après le succès des manifestations badoises-alsaciennes
contre l'implantation d'une centrale nucléaire à Whyl, la coopération transfrontalière
entre les associations citoyennes connaît un renouveau notable. Du 25 au 27 février, un
congrès transfrontalier aura lieu à Weisweil où on pourra s'informer sur le nucléaire
d'aujourd'hui et où de nouvelles formes d'actions seront envisagées.
Les enjeux restent similaires : la lutte contre le nucléaire, le
développement des énergies renouvelables et la protection de l'environnement.
La bête noire est Fessenheim et les nombreux incidents de l'an passé ainsi que
le danger sismique réel conduisent les plus endurcis à douter de la fiabilité de la
vieille centrale. Selon Jean- Marie Brom (*), physicien atomiste, la faille passant sous
Bâle équivaudrait à la faille de San Andreas en Californie.
Côté suisse, une initiative du NWA verra bientôt la constitution d'une
association de protection de la population dont la collaboration envisagée avec les
autorités pourrait lui permettre de faire appel à la justice face aux exploitants de la
centrale.
«Prendre de la graine»
Côté français, plusieurs associations s'engagent sous une organisation-mère
transfrontalière qui compte une trentaine de groupes : les Associations
antinucléaires de Bade et d'Alsace. Néanmoins, un de leur porte-parole, Colette Marchal,
a déploré la relative faiblesse de la société civile en France et a estimé qu'il
faudrait « prendre de la graine des initiatives citoyennes allemandes ».
Parallèlement, le développement des énergies renouvelables tel le solaire, dont
le succès est fulgurant dans le Kaiserstuhl, a montré l'existence d'alternatives au
nucléaire. Reste à combattre le déséquilibre existant dans l'attribution des crédits
de recherches (90% pour le nucléaire et 10% pour le reste). Une initiative concrète est
la campagne qui va débuter d'abord en Allemagne pour inciter la population à changer de
fournisseur d'électricité. En France, cette possibilité existe seulement pour les
entreprises et les particuliers devront attendre 2007 pour pouvoir en profiter.
L'idée consiste à opter pour un producteur d'énergie utilisant uniquement des
sources régénératrices. L'opération est simple et, contre toute attente, la facture se
révèle souvent moins élevée qu'avec les fournisseurs habituels.
Enfin, l'écologue Georg Löser, spécialiste en coopération transfrontalière
depuis 30 ans, a remarqué que le projet de l'Eurodistrict Région Fribourg/Centre et Sud
Alsace n'avait pas de paragraphe abordant concrètement la question de l'environnement et
du nucléaire.
Un programme pilote binational initié par l'association Ecotrinova devrait bientôt
pallier cette omission. Avec l'élaboration de deux livres blancs sur l'énergie et sur
l'eau, canalisant les idées tangibles récoltées au cours d'ateliers transfrontaliers
ouverts à tous.
Florence Baader
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